Booster l’employabilité avec Simul’Pro !


Interview croisée de Christine Lebret et Raphaël Agnellini, ingénieurs de formation, sur l’origine et l’originalité du projet Simul'Pro.
Agefiph : Pouvez-vous nous parler de l’origine du projet Simul’Pro ?
Afpa (Christine Lebret) : L’Afpa avait la volonté de développer une politique Handicap ancrée dans la réalité des territoires ainsi que dans l’innovation. C’est ce qui fait l’originalité du projet et sa force, favoriser un environnement capacitant pour les stagiaires, les salariés et les entreprises.
Agefiph : Prenons dans un premier temps la démarche interne menée par l’AFPA. Comment avez-vous procédé et quelle a été la répartition des rôles entre vous deux ?
Afpa (Christine Lebret) : Nous avons été tous les deux mobilisés sur l’ensemble des volets. Raphaël, qui est doctorant, est à la pointe de ce qui est méthodologique. Moi, j’ai travaillé dans les ressources humaines dans les grandes entreprises et j’ai ensuite fait du conseil dans les PME, ce qui me permet de bien identifier les besoins. C’est un projet qui a été mené de manière bicéphale pendant 4 ans. Pour commencer, nous avons travaillé tout début 2021 avec le référent national Handicap Stagiaires et des référents Handicap expérimentés pour reconstituer et consolider un réseau complet de référents handicap au sein de l’Afpa. Pour cela, nous nous sommes tournés vers le terrain pour comprendre les pratiques existantes et les attentes. Les membres du groupe de travail ont coconstruit un process partagé d’accompagnement, et formalisé des fiches de mission en lien avec l’activité réelle des référents.
Agefiph: Vous parlez de l’activité réelle des référents… Pouvez-vous nous décrire cette activité ?
Afpa (Raphaël Agnellini) : Justement dans le cadre de Simul’Pro, la méthodologie que nous avons déployée en 2023 et 2024 a permis de « donner à voir » cette activité aux référents ; ils n’avaient pas forcément conscience des savoir-faire qu’ils avaient développés. Nous avons filmé des référentes volontaires pour la démarche. Dans un second temps, nous leur avons demandé de décrire leur activité de façon individuelle puis de mettre en débat collectivement les différentes façons de faire. Cela a permis d’enrichir mais aussi de cadrer leurs pratiques, en repérant par exemple les différentes étapes des entretiens à mener avec les bénéficiaires. * voir schéma
Agefiph : Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ? En quoi leur pratique a-t-elle été enrichie ?
Afpa (Raphaël Agnellini) : Les référentes (je dis référentes car ce sont toutes des femmes) avaient chacune développé leurs propres façons de mener les entretiens avec les bénéficiaires. Grâce à la méthodologie réflexive, elles ont pu étoffer leurs modalités de questionnement. Elles pouvaient avoir des entretiens très ciblés et ont vu l’intérêt d’avoir une approche plus globale qui permet d’ouvrir la discussion sur des problèmes qui n’avaient pas encore été identifiés (préparation de l’accueil en hébergement et restauration, des sessions de certification, des stages d’application, de l’insertion professionnelle…). De nouvelles pratiques ont également été déployées : l’appui sur de nouvelles ressources, de nouvelles modalités de partenariat interne et externe ou la mise en place de permanences pour que les bénéficiaires aient d’autres espaces pour s’adresser à elles…
Agefiph : Cela a donc eu des répercussions très concrètes sur la manière de mener à bien leur mission…
Afpa (Raphaël Agnellini) : Tout au long de la démarche, nous avons eu cette volonté de coconstruire des ressources pratico-pratiques adaptées aux besoins des terrains. Cela a aussi guidé notre façon de réaliser des modules destinés à tous les référents Handicap (en OF et en entreprises) ou à des personnes qui côtoient des personnes en situation de handicap dans leur quotidien de travail. C’est le deuxième volet de Simul’Pro.
Agefiph : Pouvez-vous nous en dire plus sur ce deuxième volet de la démarche ?
Afpa (Christine Lebret) : Il existait déjà un MOOC à l’Afpa destiné à faciliter et motiver à l’emploi des personnes en situation de handicap, mais il méritait d’être enrichi avec un volet dédié à la neurodiversité. Grâce au financement de l’appel à projet 2022 de l’Agefiph « Innover pour un levier compétences plus inclusif », nous avons eu des financements et un accompagnement qui nous a permis d’enrichir le MOOC avec deux nouveaux outils de formation et d’action : l’un qui trouve sa place dans le module « agir pour l’emploi », l’autre ciblé sur la neurodiversité qui complète le module existant « Découvrez et expérimentez les différents types de handicap ».
Agefiph : Pourquoi avoir choisi de zoomer sur la neurodiversité ?
Afpa (Christine Lebret) : Notre expérience à l’AFPA nous avait montré que le focus pouvait être plutôt mis sur les conséquences physiques du handicap, alors que beaucoup de stagiaires avaient plutôt des troubles invisibles et souvent associés à la neurodiversité : des jeunes hyperactifs, des personnes dyslexiques ou ayant des troubles de l’apprentissage… Cela répondait davantage à la réalité des situations rencontrées !
Agefiph : Quels sont les autres spécificités de Simul’Pro ?
Afpa (Raphaël Agnellini) : L’esprit du projet Simul’Pro est de simuler pour stimuler. Pour mettre les apprenants en situation réelle, nous avons créé deux serious game. L’objectif est que les personnes puissent réfléchir aux différentes réponses possibles face à une personne qui évoque sa situation de handicap. De la même façon, on offre la possibilité d’explorer les différentes modalités possibles quand on doit soi-même parler des conséquences de son handicap. Nous proposons également des fiches-outils qui donnent des conseils pratiques sur les soutiens possibles à apporter aux différentes situations de handicap.
Agefiph : Pour conclure, pouvez-vous nous dire comment a été accueilli ce MOOC « renforcé» ?
Afpa (Christine Lebret) : Mi-janvier 2025, il y avait plus de 4 500 inscrits au MOOC et plus de 800 badges numériques validant les compétences sur la neurodiversité ont été délivrés. Nous continuons à communiquer au sein de nos réseaux pour faire connaître Simul’Pro au plus grand nombre.
Agefiph : Et en interne, où en êtes-vous du réseau des référents handicap ?
Afpa (Christine Lebret) : La démarche a contribué à fédérer le réseau des référents qui prennent leur rôle très à cœur et dont la mission est plus visible. Mais les effets vont bien au-delà de ce simple cercle : le projet leur permet de renforcer les liens avec les formateurs pour sécuriser le parcours des bénéficiaires et des stagiaires en situation de handicap.
Afpa (Raphaël Agnellini) : En outre, la transformation de leurs pratiques a participé à un changement culturel au sein de l’Afpa qui est aujourd’hui plus équipée pour proposer des formations inclusives.
*Schéma de la méthodologie des auto-confrontations (clinique de l’activité)



