Actualité

L’Association Vivre et Travailler Autrement, précurseur de l’inclusion professionnelle des personnes autistes

A l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, entretien avec Marylin Causse, Directrice de l’Association Vivre et Travailler Autrement.
Depuis 2019, l’association bénéficie du soutien de l’Agefiph

Quelle est l'ambition portée par VETA ? 

Depuis 2014, l’association se mobilise pour le développement de l’emploi et la vie sociale afin d’intensifier l’accès et le maintien dans l’emploi des personnes autistes en valorisant leur potentiel et leurs compétences, qui sont peu ou pas assez reconnues.

Elle a pour vocation d’accompagner les jeunes adultes autistes vers une plus grande autonomie grâce au travail, clé de voûte du dispositif mais aussi à l’accompagnement socio-éducatif, à la création de logement et à la participation à la vie de la cité. Grâce à un encadrement permanent dispensé par des spécialistes de l’autisme tant au travail que sur le lieu de vie.

Aujourd’hui, une cinquantaine d’adultes autistes ont été insérés professionnellement et socialement au sein de groupes comme Andros, LVMH, Barilla ou encore L’Oréal. Le dispositif continue son essor avec une quinzaine de projets en cours qui permettront d’accueillir chacun une dizaine d’adultes autistes.

La stratégie nationale « troubles du neurodéveloppement 2023-2027 » participe à construire une société́ plus accueillante et plus sensibilisée aux besoins et aux choix de tous ses citoyens. Elle se compose d’une feuille de route composée de six engagements forts.

L’Association Vivre et Travailler Autrement est le 1er dispositif d’emploi en milieu industriel de travailleurs atteints de troubles autistiques avec déficience intellectuelle. Son expérimentation d’une dizaine d’années avec les entreprises s’inscrit dans cette stratégie et son engagement numéro 5 : Accompagner les adolescents et les adultes.

VETA à pour ambition de développer au minimum un dispositif avec une dizaine de collaborateurs avec TSA dans chaque département.

Pourquoi avoir commandité une étude d'impact ? 

Afin d’évaluer la pertinence et l’efficacité de ses actions, l’association VETA a initié une démarche de mesure d’impact social auprès des collaborateurs des entreprises ayant bénéficié d’un accompagnement à l’inclusion d’un autiste avec déficience intellectuelle au sein de leur équipe.

Cette étude, financée par la fondation Malakoff Humanis Handicap, est le fruit d’un travail commun entre les 3 structures en charge de l’évaluation : Kervarail, le cabinet Koreis et Impact Track. 

Après 10 années d’expérimentation sur 8 dispositifs d’inclusion, c’était pour nous une façon d’objectiver avec nos partenaires les bénéfices de ce type d’inclusion. L’occasion de rappeler aux entreprises qu’engager des travailleurs autistes est un atout de taille pour leur productivité, mais aussi leur responsabilité sociale pour favoriser le vivre ensemble.

Ces retours d’expérience donnent à repenser totalement le rapport à la différence.

Quels sont les premiers enseignements de cette étude et les effets de l'accompagnement de VETA auprès des entreprises et de leurs collaborateurs ? 

  1. ACQUISITION DE CONNAISSANCE ET PRISE DE CONSCIENCE

Dans les entreprises, la quasi-totalité des professionnels interrogés déclarent avoir acquis des connaissances sur les caractéristiques et les besoins spécifiques des adultes autistes avec DI dans un contexte professionnel. Dans les entreprises où l’inclusion a déjà eu lieu, ils sont très nombreux à déclarer avoir pris conscience des capacités et du potentiel professionnel de ce public et des bénéfices de son inclusion au sein des équipes.

  1. L’INCLUSION, UN BÉNÉFICE ÉCONOMIQUE POUR L’ENTREPRISE

Sur le plan économique, l’entreprise paraît bénéficier d’une amélioration de sa marque employeur, et l’hypothèse d’une réduction du taux d’absentéisme grâce au recrutement de collaborateurs autistes semble se confirmer. Sur les 10 collaborateurs qui se sont prononcés sur la question de l’absentéisme, ils sont plus de la moitié à considérer que les personnes autistes recrutées sont en moyenne moins absentes que les autres collaborateurs sur le même type de poste.

Pour les collaborateurs ayant déjà recruté et inclus la personne autiste avec DI dans l’entreprise, de nombreuses améliorations et adaptations des pratiques ont été mises en place, telles que des aménagements du poste ou de l’environnement de travail, le séquençage des tâches ou la mise à disposition d’équipements adaptés.

  1. FAVORISER LE VIVE ENSEMBLE DÉVELOPPE LA MARQUE EMPLOYEUR

Pour les entreprises où l’inclusion a déjà eu lieu, les principaux bénéfices liés au recrutement de la personne autiste résident pour la quasi-totalité des collaborateurs interrogés dans la possibilité de participer à un projet humain et dans la meilleure prise en compte de la diversité dans l’entreprise de manière générale. Par ailleurs, la même proportion considère que les collaborateurs de l'entreprise semblent davantage prêts à collaborer avec des adultes autistes avec DI.

Enfin, ils sont également largement majoritaires à penser que les nouvelles pratiques mises en place sont bénéfiques à tous et pas seulement au public cible.

Publié le 2 Avril 2024